Les villas, un autre modèle

Un modelo con continuidad

L’obtention d’un statut juridique (celui de « villa ») par certaines communautés apporta de nombreux changements sur les plans social, politique et juridique, d’une amplitude telle que la configuration municipale du 21e siècle se fonde encore en grande partie sur cette organisation territoriale : en deux cent ans, le nombre de villas dans le Gipuzkoa passe d’une seule à plus de 25, distribuées de façon assez uniforme sur ses 2 000 km2, ce qui lui permet d’étendre sa juridiction sur quasiment toute l’étendue du territoire. La villa impose le droit écrit (fuero) et le monde alphabétisé au détriment du pouvoir de la terre, du sang et la coutume.

L’organisation en villa octroie aux habitants certains avantages par rapport à leurs voisins : protection militaire, lois propres, juridiction privative, alliance directe avec la Couronne, reconnaissance d’égalité entre ses participants…le tout au sein d’un territoire bien intégré. Hors du cadre particulier des villas, les parientes mayores conservent leur pouvoir (même si celui-ci s’effrite quelque peu).

Les villes d’alors s’installent au fond des vallées fluviales, se structurent derrière des murs d’enceinte qui offrent une bonne protection et permettent d’afficher la puissance et la capacité d’organisation.



Les villas bénéficient d’un système propre et organisent leur fonctionnement autour d’un fuero ou d’une carta puebla, un document réunissant les bases juridiques et administratives pour la fondation et le développement. Ce document regroupe un grand nombre de situations et d’autorisations : conditions d’admission aux charges publiques et dans la communauté, droit commercial, peines en fonction des différentes infractions, exemptions fiscales, possibilité d’exploitation forestière et autres utilisations du territoire, obligations ou exemptions militaires, etc.

Face au modèle de subordination (verticale) aux parientes mayores, la villa privilégie la communauté, une organisation horizontale de devoirs et de droits. La villa se compose de sujets de plein droit, qui se réunissent en assemblées (« batzarrak »). Il s’agit d’abord d’assemblées ouvertes et égalitaires, même si elles sont ensuite remplacées par un organe plus restrictif, le régiment fermé, choisi annuellement (pour éviter l’ingérence des bandes et en raison de l’influence progressive de certaines élites urbaines).

La fonction publique la plus importante revient au maire. Il est le représentant principal de la communauté et son chef militaire. Sa compétence première est de juger, assisté par les régisseurs ou par d’autres fonctionnaires (selon les localités).

Les fueros qui se développent alors sur le territoire (qui deviendra ensuite Gipuzkoa) se divisent en deux grandes familles : la famille de Jaca, qui provient d’Estella et se forme, se consolide et s'étend à travers Donostia (Saint-Sébastien), en particulier dans les villas côtières ; la famille de Logroño, qui provient de Vitoria et permet une meilleure régulation de l’influence des seigneurs féodaux au sein des villas. À partir du fuero accordé, chaque villa élabore ses normes et règlements, transcrivant ainsi ses intérêts et tensions à travers le temps.



Activité

L’activité économique repose principalement sur l’artisanat et le commerce, même si l’agriculture dite « de subsistance » conserve un rôle important (céréales, vignes, etc.). En plus de l’approvisionnement du marché de la région, le fer produit par les forges est transformé en différents produits (armes, clous, ferrures et outils) pour l’exportation, à l’instar des produits textiles. Les échanges commerciaux avec la Castille battent alors leur plein (importation de laine, exportation de toiles et d’autres produits manufacturés).
Dans les villas côtières, la pêche, la chasse à la baleine et la construction navale constituent autant d’activités complémentaires aux échanges de marchandises entre la Péninsule et le reste de l’Occident européen, notamment dans le cas de Saint-Sébastien.



Expansion

Le succès du nouveau modèle urbain prend une ampleur telle qu’il suscite un fort intérêt au sein du monde rural, et les avantages des villas attirent alors les habitants des campagnes environnantes. La plupart des villages voisins finissent souvent par s’annexer aux villas lorsqu’ils ne parviennent pas à obtenir ce statut juridique pour leur propre structure.

 Ainsi, si les premières villas sont fondées aux 12e et 13e siècles sur initiative royale, le 14e siècle voit de nombreux regroupements ruraux solliciter ce statut, principalement dans le but d’assurer leur sécurité et de se libérer des pressions que les parientes mayores leur font subir. La fondation de Villareal d'Urretxua est un exemple illustratif de ce processus.



2011 Ministére de la Culture et de l'euskera - Députation Foral de Gipuzkoa
Creative Commons BY-NC-SA 2.5
Accessibilité | Crédits | Avis légal
GNet | Gipuzkoa.net
ACCUEILRechercerContactPlan du siteÉTAPESTHÈMESTRÉSORSEXPOSITION ACTUELLEJEUXTESTOPINIONCARTE