Navigateurs et explorateurs

Portrait de Elcano (Ignacio Zuloaga)
Portrait d’Andrés de Urdaneta (Antonio Valverde)
Statue de Legazpi, dans la ville de Manille (Philippines)

La chasse à la baleine et l’augmentation progressive des communications entre la péninsule ibérique et le reste de l’Europe de l’Ouest ont converti la navigation en activité de plus en plus commune parmi les habitants de la côte basque, notamment dans le contexte d'expansion économique du milieu du 15e siècle, puis après la conquête de l'Amérique.

De fait, dès les premières expéditions de Christophe Colomb, les marins basques participent activement aux campagnes américaines, au point de devenir des références. Signalons la construction de la caravelle Santa María, appartenant à Juan de la Cosa, dit Juan Vizcaíno, grand cartographe, notamment lors du troisième voyage de Colomb (1498) où il décrit les côtes de la future Colombie et du futur Venezuela. En 1500, de la Cosa termine ce qui sera la première carte de l’Amérique.

On sait qu’avec lui, parmi les nombreux basques de l’équipage de Colomb, se trouvait un habitant de Deba. On sait aussi que pour son quatrième voyage, Colomb disposait de plusieurs navires appartenant à un habitant de Getaria. Luis de Arriaga, quant à lui, atteignit l’île de Santo Domingo (la future Española) lors du deuxième voyage de Christophe Colomb en 1493. En 1501, il obtient de la reine Isabelle la Catholique une capitulation pour la colonisation de l’île avec 200 colons « biscayens » mariés (c'est-à-dire basques au sens large à l'époque, pas nécessairement de Biscaye). Même s’il ne réalise pas complètement son projet, il réussit à ce que plusieurs familles s'installent sur l’île. L’île de la Española est alors une base d’expéditions de toutes sortes vers le continent, par laquelle vont transiter de nombreux basques. Juan de La Cosa, Lope de Olano, Juan Martínez de Zamudio et Pedro de Arbolantxa possèdent des intérêts dans l’île. Nombreux sont les commerçants et les fondés de pouvoir de basques installés à Séville, comme Elkano en 1519.

Quant à la conquête du Mexique, Cortés, quand il constitue le « gouvernement » mexicain, choisit Juan Ochoa de Elejalde, originaire de Leintz-Gatzaga, comme premier gouverneur (alguacil mayor). Martín de San Juan, d’Irún, intendant de navire, y participe aussi ainsi que Juan de Garay.

En définitive, vu le nombre de navigateurs et d’explorateurs d’origine basque, il n’est pas étonnant que plusieurs d’entre eux aient marqué l’histoire des grandes découvertes. Elkano, par exemple, est célèbre pour avoir été le premier à faire le tour du monde, après un périple de plusieurs années. Sans aucune charge avant de s’engager dans l’expédition de Magellan, Elkano avait toutefois une grande expérience maritime puisqu’il avait participé à la campagne des côtes africaines organisée par le cardinal Cisneros. Son tour du monde illustre plusieurs traits de l’économie basque du 16e siècle : la construction navale (le Victoria, seul navire à revenir, était une caraque construite à Zarautz en 1515) et l’engagement maritime professionnel basque (plusieurs basques survécurent à l’expédition).

Quant à eux, Miguel López de Legazpi (de Zumarraga) et Andrés de Urdaneta (de Ordizia) eurent un rôle important dans la conquête des Philippines (du nom de Philippe II). En 1571, Legazpi fonda Manille, la capitale actuelle. Urdaneta, lors d'expéditions antérieures, avait ouvert en 1565 une route importante de retour vers le Mexique qui esquivait les alizés et profitait des courants favorables.

Autour de 1536, Domingo Martínez de Irala, de Bergara, poursuit l'expédition commandée par Pedro de Mendoza (premier fondateur de Buenos Aires). Lors du retour de Mendoza en Castille, Irala prend le commandement et crée une « corporation municipale ». Il établit des relations avec les autochtones et se marie avec la fille d’un cacique. En 1554, il est nommé gouverneur de Río de la Plata. En s’installant et en se mêlant à la population locale pour créer une nouvelle société créole, Irala représente un des modèles de la conquête et de la colonisation castillanes.

L’aventure du Navarrais Pedro de Ursua et de Lope de Agirre, d’Oñati, représente un autre aspect intéressant de la conquête et de l’exploration des Amériques : à la recherche du mythique Eldorado, leur expédition est marquée par les luttes et les alliances avec les populations indigènes en fonction des circonstances, mais aussi par des luttes et des alliances de nature interne. Agirre est un des assassins de Ursua, alors chef de l’expédition. Ce dernier, nommé chef de camp avec l’appui de plusieurs compatriotes, dont Juan de Agirre, projette de proclamer don Fernando de Guzmán comme prince du Pérou. Pour ce faire, ils se « dénaturalisent » de Felipe II, reconnaissent le nouveau prince qui, une fois le Pérou conquis, doit les récompenser pour leurs mérites. Le règne de don Fernando dure cinq mois. Face à une nouvelle conspiration qui viserait Agirre, les événements se précipitent. Très vite, plusieurs conspirateurs sont éliminés et Agirre devient général et chef de l’expédition. Cependant, plusieurs hommes d’Agirre vacillent et désertent devant la peur de la répression et la possibilité de pardon. Agirre finit par se rendre. Ses hommes l’abattent alors de deux coups de feu. Son corps finira écartelé.

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